Million Kona Baby

Quelques semaines après la course des Championnats du Monde IM, j’ai eu le temps de profiter d’Hawaii hors entraînement et commencer une « off-season » un peu plus longue que d’habitude…

Maintenant, je suis prête à raconter cette aventure (et le mot ici est bien choisi)!

Contrairement à d’autres courses « ratées », qui demandent réflexion et remise en question, cette fois je n’ai pas eu à réflechir beaucoup. Les longs questionnements avaient plutôt eu lieu avant la course…
La raison est toute simple: une vie se construit en moi! Prendre le départ en ayant pour mission de prendre toutes les précautions nécessaires sur une course qui demande une totale implication mentale et physique, un besoin de se déconnecter de ses sensations pour ne plus ressentir, est forcément vouée à l’échec. Personnellement, je ne peux pas m’exprimer totalement dans ces conditions! Mais le but était le plaisir.

L’instinct maternel a pris le dessus, et heureusement. Ce jour-là, j’avais d’autres priorités que celles de « tout donner », cette petite étincelle qui nous fait atteindre l’état de grâce. Ma priorité, c’était notre bébé.
Puis je ne connaissais pas, mais construire un petit être, c’est sacrément fatigant!

Le départ a été très émouvant pour moi, et j’ai voulu en profiter à 200%.
Pendant la natation, j’ai pu suivre un groupe de 5 filles dont Sara Pampiano et Asa Lundström, et je n’ai pas souffert. Comme je n’étais pas en mode « fight », je suis partie seule à vélo car j’ai perdu du temps pendant la transition.
J’ai vraiment profité des 80 premiers kilomètres (c’est toujours ça de pris…!), où je me sentais bien et efficace. Mais au-delà, sur la route qui mène à Hawi, j’ai (déjà) commencé à manquer d’énergie malgré mes précautions pour boire et manger suffisamment.

Le retour a plutôt ressemblé à de la survie pour moi, avec tous les groupes d’âge qui me doublaient et une véritable souffrance, dans le sens où je n’avais plus la force de lutter. Donc j’ai simplement cessé de lutter, là où normalement je me serais battue comme une forcenée. Impossible de sortir le meilleur de moi, et interdiction d’ailleurs!

Je me suis vraiment dit qu’en arrivant à T2, je n’allais pas partir à pied. J’étais trop fatiguée. Finalement, après avoir laissé mon vélo aux volontaires et profité longuement de la zone de transition, j’ai pensé « allez, pars au moins sur Alii Drive! » C’était trop beau d’être là, dans la course!
Sans stress, je suis partie tranquillement, et finalement j’étais bien. J’avais la volonté de franchir la ligne d’arrivée et c’est ce qui m’a poussée à continuer. J’y ai pris beaucoup de plaisir avec les encouragements des français, des supporters, de ma famille, de mon coach Yves, de mon chéri Mathieu. Mais je souffrais de douleurs aux pieds et à l’estomac et avant d’entrer dans Energy Lab, à « seulement » 16km de la fin, j’ai pris la décision d’arrêter.

Pour la petite histoire, de retour à la tente médicale, on m’a pesée à nouveau (on vous pèse le matin de la course) et contrairement aux autres, j’avais pris 4kg! J’ai fait ce qui s’appelle un « 3è secteur » , c’est-à-dire une rétention d’eau dans des zones du corps improbables… J’ai énormément bu pendant la course (ça faisait partie de ma mission!), et mon corps nous a préservé, le bébé et moi, de la déshydratation.

C’était une expérience magique et je ne regrette rien.
Aujourd’hui tout le monde va bien!
Maintenant place à quelques mois pas comme les autres, avant de revenir en 2018 sur mes premières courses en tant que maman!

A+
Jeannette

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